dimanche 30 janvier 2011

FENETRES V


Je vois deux mendiantes par terre qui discutent, adossées à la façade d’une boulangerie. Je vois des gens qui font la queue dans cette même boulangerie, ne jetant même pas un coup d’œil à ces deux femmes. Je vois le matériel des techniciens. Je les vois en train de se dépêcher pour installer ce qu’il faut pour tourner la scène. Plus loin je vois la place de la République. D’autres mendiantes. Le chien d’un clochard. Je vois une petite tente. Je vois des ordures sur le sol, des bancs et des oiseaux. Je vois la tente de la cantine installée sur la place. Je vois une dame qui s’arrête, regarde l’heure et repart. Je vois un SDF qui demande du rab au cuisinier. Je vois la vie qui grouille de partout. Je vois la nuit qui tombe. Je vois le 83 qui arrive.
Betty, 3e4, Collège Saint-Exupéry

Depuis la fenêtre de ma salle de classe je vois la clinique qui lâche un grand nuage de fumée. Je vois un camion d’ambulance s’arrêter aux urgences pour déposer un blessé. Je vois une classe de 3ème faire du baskets sur le toit du gymnase. Je vois un garçon courir car il est très en retard. Je vois une vieille dame aller au marché faires ses courses au lieu de dormir. Je vois un chômeur acheter de cigarettes au lieu de trouver du travail. Je vois un policier mettre un P.V. à une voiture mal garée. Je vois une centaine de pigeons posés sur le toit du collège. Je vois un chien faire ses besoins dans le bac à sable. Je vois l’annexe où il y a le bureau du Principal. Je vois un petit de 6ème en train de pleurer dans le bureau du Principal parce qu’il s’est bagarré. Je vois le restaurant ouvrir son store un peu en avance. Dans la clinique, je vois une femme qui va se faire opérer et qui croit qu’elle va mourir. Je vois une affiche publicitaire qui gâche le paysage…
Camil, 4°6, Collège Le Parc

Depuis la fenêtre du Commissariat tu vois des policiers partir en patrouille. Tu vois un couple de guadeloupéens embarqué pour violence conjugale. Tu vois une vieille dame aller porter plainte pour vol. Tu vois une enfant avec sa mère porter plainte pour pédophilie. Tu vois une adolescente porter plainte pour viol. Tu vois une dizaine de sri-lankais être embarqués direction l’aéroport. Tu vois une mère pleurer pour l’incarcération de son fils.
Kader, 3e4, Collège Jacques Prévert 

Depuis la fenêtre du TGV après être monté je vois des retardataires se jeter dans le train alors que c’est la fermeture des portes. Je vois les trains sur les autres voies. Je vois les quais qui commencent à défiler lentement sous mes yeux. Je vois de nouveaux retardataires râler car ils ont loupé leur train alors qu’en général ils râlent parce que les trains sont en retard. Je vois un groupe d’agents de la SNCF avec les gilets oranges. Je vois une locotracteur rouler dans l’autre sens. Je vois le poste d’aiguillage. Je vois, depuis un pont donnant sur un boulevard parisien, des policiers poursuivre une Mitsubishi noire. Je vois un train de banlieue. Je croise un fou échappé d’un asile psychiatrique se balader et danser sur les voies alors qu’un autre TGV arrive sur lui… Je vois le noir d’un tunnel. Je vois d’un seul coup le paysage changer : avant le tunnel c’était la banlieue aux immeubles et aux murs tagués, et en sortant du tunnel je vois un paysage magnifique aux champs de tournesols à perte de vue. J’y vois le vent faire onduler les fleurs : on croirait voir l’océan et ses vagues. Je vois un viaduc immense s’étaler sur le paysage. Je vois une gare quasi-déserte défiler. Je vois un grand fleuve où de petites embarcations se baladent. Je commence à voir le paysage défiler de moins en moins vite. Je vois une gare et j’entends « terminus, tout le monde descend ».
Alexandre Cadet, 3e3, Collège Théodore Monod